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La Diagonale des Fous...comme promis, le magnifique récit de Jean-Luc.

Il y était et il les a fait ces 168km avec plus de 10 000m de D+...UN ENORME BRAVO .

Prenez le temps de lire ces quelques lignes écrites par Jean-Luc... Vous allez voir...on s'y croirait !!!

Ma 1ere DIAG


On m’avait dit attention Jean-luc la diag c’est du costaud, mais alors là…..c’était au-dessus de toutes mes espérances. Voici un petit résumé de mes 45 heures de randonnée :-)


20 h heure locale, nous sommes tous entassés dans les sas de départ, la pression est au max. Nous repensons tous à notre prépa physique et à tous les sacrifices pour arriver à ce moment précis. On prend un dernier café et une dernière collation pour se détendre. On voit passer les élites qui vont se poster sur le devant la 1ere vague, départ imminent.


21h départ de la 1ere vague, c’est de la folie sur les 10 premiers km, il y a du monde de partout. ça chante, ça cri, ça danse, j’ai jamais vu une telle ambiance. Je cours avec 2 potes, Clément et Tony, on arrive au 28ème km sans s’en apercevoir… Gaël parti en vague 2, Didier et Vincent en vague 3, sont à nos trousses...

Notre assistance, Tof et Ludo, nous attend pour faire le point et nous encourager. On boit une soupe chaude et mangeons quelques bricoles. Le froid qui arrive nous pousse à enfiler les coupe-vents.


La 1ere nuit se passe bien, Clément a ralenti et a mis le clignotant à « Nez de boeufs », il traînait une sacrée crève qui l’a poussé à abandonner. Je rattrape Tony parti devant et faisons route ensemble.

La montée après Mare à Boue est tout simplement exceptionnelle ( le coteau Kerveguen). C’est plus de l’escalade et du franchissement que de la course à pied, mais le jour se levant, les oiseaux chantant et la végétation trop belle, nous font oublier les douleurs.

Fini l’ascension, on se tape une descente de fou direction Cilaos: 1200 m de denivelé négatif dans une descente constituée presque exclusivement de marches, comme 80% du parcours d’ailleurs.


Enfin Cilaos !!!! Il paraît que la course commence vraiment ici et qu’il faut y arriver frais!! je me marre, comment arriver frais après 72 km et 3750 D+?! Disons qu’on a limité la casse mais la fatigue et les douleurs sont là. Heureusement une cinquantaine de kinés, ostéos et podologues sont présents pour nous remettre sur pied. Rajouté à cela un repas chaud et un changement de tenue (nous avions la possibilité de déposer des sacs de change au préalable) nous permet de repartir presque neufs.


L’ascension du sentier Taïbit va me flinguer, je tombe une vitesse et laisse partir Tony, c’est le moment de la course ou j’ai le plus douté. Je pense à l’abandon, mais l’expérience des grandes courses me rappelle que ces moments de doute sont normaux et qu’il faut serrer les dents avant de retrouver la motiv’.

En effet, au trois quarts de l’ascension mon corps réagit mieux et je commence à discuter avec les autres coureurs, c’est bon signe.

Je passe le col du Taïbit avec le sourire et bascule côté Mafate.


Cette 1ere partie dans Mafate sera vraiment mon plus joli tronçon, les paysages sont magnifiques, j’ai la pêche et du coup le moral est au beau fixe. Pour la 1ere fois sur une course je m’arrête prendre des photos et communique même avec les copains sur messenger !!!!

La pluie fait sont arrivée mais rien ne pourra m’enlever mon smile, je ne cours pas à 15km/h mais j’ai un rythme satisfaisant. Par contre une douleur au genou gauche apparaît et m’inquiète.

Je me fait strapper au ravito de la Plaine des merles et prends un doliprane.

Je passe le 100ème km, c’est un cap mentalement. Il ne reste plus que 65 km, lol, mais je rentre dans la 2ème nuit et j’appréhende un peu le manque de sommeil.

J’apprends l’abandon de Didier, fais chier, encore un pote de moins.

Message de Tony, il n’est pas loin et m’attends à Grand Place Ecole, chouette on va recourir ensemble.

Je me ravitaille bien, Tony à mal aux genoux, moi aussi, on s’encourage mutuellement.


La descente jusqu’à Roche Ancrée va être dure pour Tony, la douleur est de plus en plus forte, jusqu’à ce que le genou se bloque net….On est bloqué au fin fond de Mafate, beaucoup de monde nous double, je sais plus quoi faire pour l’aider. Le seul accès pour les secours reste l’hélicoptère…

Notre super assistance est postée au ravito suivant et descends nous aider, enfin ils veulent surtout convaincre Tony d’appeler les secours mais du coup tirer un trait sur la DIAG.

Tony me dit de continuer sans lui, qu’il trouvera une solution pour remonter jusqu’au ravito suivant.

Je repars le coeur gros, mais surtout je me rend compte de la difficulté de la prochaine ascension jusqu’à Roche-Plate, le prochain ravito, et me demande comment il va pouvoir monter avec un genou en vrac. Durant la montée, je croise les copains de l’assistance qui descendent, pas le temps de discuter mais un simple encouragement m’aide beaucoup.

J’arrive enfin au ravito après une montée interminable dont seule la Réunion a le secret. Je me ravitaille et sans m’en rendre compte, m’endors sur ma chaise…Je me réveille par intermittence, je grelotte. Gaël vient d’arriver, il est costaud, un lâche-rien...mais il tombe également de sommeil et décide de s’allonger pour dormir. Il dormira presque 1 h. Je décide d’attendre son réveil pour repartir, la suite sera plus supportable à deux.

Il est environ 2h du mat lorsqu’on s’élance en direction de 2 bras, cette partie est aussi belle qu’elle est difficile, 5h pour faire 14 km…. Dont une descente de 9 km tout en marches irrégulières.


A 1 km de 2 bras je commence à avoir des hallucinations et à avoir des moments de somnolence, je zigzag en marchant, signe d’un manque de sommeil.

Arrivés à 2 bras je me pose à même le sol et dors 30 min sur des graviers avec mon sac comme oreiller. On se ravitaille vite fait et nous voici repartis pour l’ascension de Dos d’Ane, encore des marches, des cailloux, des racines, des branches, des rochers et j’en passe, bref 600 de D+ en 5 km après 127 km dans les jambes.

Arrive ensuite la descente jusqu’au chemin Ratineau, on ne peut plus courir, les genoux sont douloureux mais surtout la voûte plantaire se fait sentir. Le chemin Ratineau est très technique et notre allure est justifiée, mais vient alors le chemin Kalla et là je ne comprends pas ce qui se passe, j’allonge la foulée et me surprends à courir jusqu’à La Possession et à doubler une trentaine de coureurs...Je vole sur les cailloux alors que je ne pouvais plus courir il y a 20 min.

On est au 140ème km et je prends mon pied grave.


Il ne reste plus que 20 km, ça sent l’écurie :-) , mais je pense avoir griller quelques cartouches de trop dans le chemin Kalla, je commence le chemin des Anglais la fleur au fusil (en me demandant combien de personnes ont pu oeuvrer sur un tel chantier), mais comprends vite que cette portion est piégeuse et que sous ces airs de carte postale il y a un réel mur…

18 km de chemin pavé de pierre de lave, avec des pentes de fou. Je m’épuise au fur et à mesure aussi bien en descente qu’en montée. La chaleur n’améliore pas la chose.


Didier et Nadège m’attendent à Grande Chaloupe, on discute un peu ça fait du bien. Je me ravitaille bien car j’ai un coup de mou. J’assiste à une scène hallucinante : un concurrent s’en prend aux bénévoles car il n’y a pas de beurre sur le ravito pour faire son sandwich au saucisson, il se plaindra à la direction. Bref, il y a vraiment des cons…

Je reprend la route en ayant en ligne de mire une grosse boule blanche (une sorte de radar) qui est censée être le sommet.

J’arrive tant bien que mal au Colorado et je comprends que j’ai effectué 10000 m de D+, car il ne reste plus qu’une descente avant la Redoute.

Je ne me ravitaille même pas mais je prends le temps de montrer mes pieds à une infirmière, elle me passe un peu de crème et je repars.

J’ai les pieds qui brûlent, la crème c’est pas magique !! Le début de la descente est un enfer et puis le mental prends le dessus et je me mets à courir et me tirre la bourre avec 2 coureurs.

Entendre la voix du speaker dans la descente me met les larmes aux yeux, ça y est….tu vas finir la Diagonale des fous.

J’arrive à l’entrée du stade, la foule qui crie, les copains qui te filme, la ligne d’arrivée, les caméras qui renvoient ton image au copains et à la famille restés en Métropole.

JE L’AI FAIT !!!!

Je reçois mon maillot et ma médaille finisher, je suis fier comme tout.

Gaël, Tony et Vincent arriveront guère après, on boira quelques bières avant que la fatigue nous rattrape.

Sacrée expérience, une course qui te prends aux tripes et qui t’apprends la gestion de l’effort.


Spéciale dédicace à notre assistance et à mes 2 amours restés à la maison.


Jean-Luc








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